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Présentation
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Programme
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La vraie vie : il s’agit d’une question aussi vieille que la philosophie elle-même. Nous voudrions cependant la réinscrire dans la perspective générale de l’époque et dans celle, plus précise, de l’école. Dans cette double perspective, poser la question de la vraie vie relève d’une double exigence : la première consiste à ramener la pensée à ses conditions de vie. La seconde impose de dépasser la maladie du siècle qu’est le relativisme, à savoir l’opinion selon laquelle toutes les idées et toutes les existences se valent – puisqu’un jugement est toujours énoncé depuis un point de vue ou une vie particulière. En vertu de cette double exigence, nous devons tenir l’affirmation suivante : que la pensée soit nécessairement incarnée n’implique pas que tout soit indifféremment vrai ou faux.
Il nous a donc semblé évident de débuter notre étude commune par une interrogation des rapports possibles entre vie et vérité : comment appliquer les catégories du vrai et du faux à l’existence ? une vie peut-elle être plus vraie qu’une autre ? de quelle "vie" parle-t-on alors ? l’un des sens de la notion de vie est-il davantage susceptible d’être reconnu comme véritable ? Ce type d’interrogations nous permettra de penser ensemble les conditions vitales et théoriques dans lesquelles nous aimerions resituer la philosophie. Cette dernière ne peut considérer comme réglé le problème de la vérité – de sa définition, de sa valeur, etc. – mais, bien au contraire, ne cesse de le reposer d’une manière ou d’une autre. Tout comme elle n’a jamais cessé, ou ne devrait jamais avoir cessé, de nous dire quelque chose de la vie, c’est-à-dire depuis la vie. Prendre comme premier objet d’attention une expression aussi évocatrice et faussement surannée que celle de "la vraie vie" est ainsi une manière de refaire de l’étude patiente de la philosophie une prise de parti dans l’existant. A double titre. D’abord, parce que cette question : "Qu’est-ce que la vraie vie ?" fut au centre de chaque îlot de pensée et de vie qui, depuis l’Antiquité, mérite d’être appelé une école de philosophie. Penser "avec conséquence" devrait dès lors sonner à nos oreilles comme "penser depuis sa vie, vivre depuis sa pensée". Ensuite, parce que si le discours capitaliste promet sans cesse à l’individu une expérience bradée de "la vie, la vraie", cette promesse n’est que l’expression publicitaire et commerciale du cynisme et du relativisme de l’époque – d’une époque où la possibilité même d’interroger sérieusement les conditions d’une vie bonne et authentique se trouve annulée par l’équivalence générale de toute forme de vie et où pourtant la vraie vie ne cesse de nous paraître "absente". La vérité a toujours eu ceci de dérangeant qu’elle se trouve être contraignante dès lors qu’elle vient inquiéter le vécu. Assumer une recherche sérieuse au sujet de la vraie vie réclame donc une fermeté théorique et existentielle que le libéralisme décrit sans cesse comme obsolète et dangereuse. Cette fermeté et ce souci de la pensée comme de l’existence, nous aimerions les exercer ensemble au fil de cours et d’exercices dont pourrait naître une inquiétude – si ce n’est une perception – commune concernant ce que peut être la vie lorsqu’elle cesse de nous sembler fausse. Prenons donc acte du fait que l’on ne peut pas définir frontalement la vie et que l’on ne peut pas lui appliquer abstraitement des critères de vérité, puisque c’est toujours depuis une existence singulière que l’on formule un tel jugement. La vie et la vérité sont prises dans un cercle qui interdit de les traiter séparément : la vérité n’est pas une simple vue sur le monde, mais ce qui lie une existence singulière au monde ; une vie n’est pas un organisme, mais ce qui dans le monde tranche, découpe, met en jeu les procédures de vérité qui la définissent. On ne sortira pas de ce cercle. En revanche, si nous voulons rompre avec la mise en équivalence généralisée des existences qui en autorise la gestion économique, il faut parvenir à penser la manière dont une vie se noue à sa vérité. C’est pourquoi nous proposons de reposer, depuis une irréductible pluralité de perspectives, la question de la vraie vie. |
Afin de traiter cette question, nous nous donnons le temps d’une année, avec neuf séances de travail de deux jours.
Les cours du samedi (exposé suivi d'une discussion) et du dimanche (méthodologie et travaux pratiques) sont indépendants l’un de l’autre au niveau du contenu. Les cours du samedi sont indépendants les uns des autres. Il y a, par contre, une continuité entre les cours du dimanche tout au long de l’année.
- Enseignement : le samedi, nous aborderons sous la forme d’un cours des notions, des problèmes et des auteur·e·s en lien avec le thème de l’année.
- Expérience : le dimanche, nous étudierons ensemble ce que peut donner la composition de vérités irréductibles les unes aux autres, prises dans des existences singulières. Pour ce faire, différents rôles seront attribués à autant de groupes de travail qui devront élaborer, depuis ce point de vue, une perspective sur le lien entre vie et vérité. Nous suivrons ainsi ensemble, de dimanche en dimanche, les étapes d’une procédure commune de pensée et d’écriture, mais chacun·e à partir de la vie d’un être singulier (réel ou fictif) qu’elle ou il aura choisi et qui constituera son objet propre de travail. Chaque dimanche sera consacré à un exercice spécifique – recherche d’un exemple, explication d’un texte, analyse d’un cas concret, réfutation d’un adversaire, etc. – afin de développer nos compétences philosophiques et de parvenir, à la fin de l’année, à la description précise de différentes formes d’existence. Nous espérons produire ainsi un certain nombre de voix (ou de points de vue) qui affirmeront chacune distinctement une articulation précise entre vie et vérité, et voir si ce qu’elles donnent ensemble relève de la cacophonie, de l’harmonie ou de quelque chose d’autre.
Les cours du samedi (exposé suivi d'une discussion) et du dimanche (méthodologie et travaux pratiques) sont indépendants l’un de l’autre au niveau du contenu. Les cours du samedi sont indépendants les uns des autres. Il y a, par contre, une continuité entre les cours du dimanche tout au long de l’année.
Thématiques des cours du samedi
3-4 NOVEMBRE |
La vie bonne. Genres et formes de vie dans la philosophie antique. |
1-2 DÉCEMBRE |
Vie et vérité chez Nietzsche : la vérité n’est-elle que l’expression d’une manière de vivre particulière ? |
26-27 JANVIER |
« Le monde de la vie » dans la phénoménologie de Husserl : retrouver la vérité comme expérience vécue ? |
23-24 FÉVRIER |
Face à la mort : l’authenticité de la vie dans l’existentialisme. |
30-31 MARS |
La survie. L’au-delà de la vie comme idée de la vraie vie |
4-5 MAI |
La vraie vie est-elle imaginaire ? |
1-2 JUIN |
Vie quotidienne et grandes idées : où se trouve la vérité d’une vie ? Une critique féministe des idéalités. |
29-30 JUIN |
Changer sa vie : une conversion du regard ou des conditions matérielles d’existence ? |